Revue Belveder : les territoires face aux ruptures démographiques
Belveder Démographie

Revue Belveder : les territoires face aux ruptures démographiques

Revue Belveder : les territoires face aux ruptures démographiques

Le nouveau numéro de la revue Belveder plonge au cœur des dynamiques démographiques. Face au vieillissement généralisé, à la baisse de la natalité en France et en Occitanie, les analyses d’experts contribuent aux projections à réaliser, en lien avec les enjeux d’attractivité des territoires.  

Est-il encore raisonnable de miser sur la croissance démographique de son territoire dans un contexte de ralentissement généralisé ? La dynamique d’un territoire ne doit-elle se mesurer qu’en gain de population jeune, active et avec enfants ? Et quelles politiques publiques pour tenir compte des seniors en tant qu’acteurs du dynamisme local et économique ? Autant de questions qui sont au cœur du nouveau numéro de la revue collaborative Belveder, publié par l’AUAT cet automne.   

Visuel de couverture de la revue Belveder "Détours démographiques" parue en octobre 2025
Découvrir le numéro “Détours démographiques” de Belveder

Comprendre une nouvelle réalité démographique 

La croissance démographique ralentit partout. Le vieillissement et la baisse de la natalité touchent tous les territoires. 

En France, le solde naturel était à peine positif en 2024 et les premières données 2025 indiquent qu’il devient déficitaire pour la 1ère fois depuis la seconde guerre mondiale. L’augmentation de la population résulte maintenant surtout des migrations, ce qui constitue un inversement de tendance par rapport aux observations précédentes. La baisse des naissances est notable, avec un indicateur conjoncturel de fécondité tombé à 1,6 enfant par femme en 2024, son taux le plus bas depuis 1919. Même l’Occitanie, région où la population a augmenté le plus rapidement depuis 1975 (environ +50% en 50 ans) subit ce ralentissement, son gain migratoire étant « grignoté par un déficit naturel croissant » depuis 2017. Les contributions de ce numéro proposent une approche pédagogique de ces dynamiques pour en comprendre les ressorts et les effets sur les territoires, à l’image des infographies des pages centrales conçues par Marie Molinier, démographe à l’AUAT. 

L’habitabilité territoriale, nouveau mantra ? 

Dans leurs documents de planification, la quasi-totalité des territoires tablent sur des hypothèses démographiques optimistes. Pourtant, les projections de l’Insee indiquent que, dès 2030, beaucoup de ces paris de croissance seront perdus, avec 44 départements dont la population risque d’être inchangée ou de diminuer. Catherine Lavaud de l’Insee Occitanie indique ainsi que les projections de population « Omphale » jouent un rôle pédagogique pour sensibiliser les élus aux dynamiques démographiques à l’œuvre et sur ce qu’il se passerait si elle se prolongeaient. De la même manière, les agences d’urbanisme, comme celles de la région nîmoise ou de la Sambre, travaillent des projections démographiques pour préparer les élus à reconsidérer leurs objectifs de croissance, notamment dans le contexte du zéro artificialisation nette (ZAN). 

Face à ce qu’il nomme une « dangereuse obsession » de la croissance démographique, l’économiste Olivier Bouba-Olga propose de changer d’objectif pour se concentrer sur l’habitabilité territoriale. Il s’agit d’assurer le bien-être de tous les habitants dans le respect des limites planétaires, en répondant aux besoins de logement, d’alimentation, de déplacement, de santé, etc., de manière compatible avec la préservation de l’environnement. Pour les acteurs locaux, cela signifie se préparer à un changement de perspective et envisager un ralentissement, voire des diminutions de population dans les prochaines décennies.

Logement, mobilité et vieillissement : des défis entremêlés 

Les phénomènes démographiques ont des impacts directs sur les territoires, notamment sur le logement et les modes de vie. La baisse de la taille moyenne des ménages, liée à l’augmentation du célibat, des familles monoparentales (un tiers des enfants mineurs en Occitanie vit avec un seul parent) et des situations de veuvage, génèrent un besoin croissant de logements pour un même nombre d’habitants. 

Face à un vieillissement qui s’accentue, la revue explore aussi les pistes que constituent les habitats intergénérationnels (cohabitation solidaire, habitats inclusifs ou participatifs). Ils sont présentés comme des alternatives permettant de lutter contre l’isolement des seniors et de préserver leur autonomie. L’analyse de la géographe Sophie Buhnik sur le déclin démographique japonais révèle également que les personnes âgées peuvent contribuer au dynamisme local et économique par leurs habitudes de consommation et leur implication associative. 

De l’autre côté de la pyramide des âges, la revue se penche sur les défis de la population étudiante. Alors qu’on atteint un palier national de 3 millions d’étudiants, les projections du SIES prévoient une baisse future des effectifs. Le conseiller économique Lionel Delbos insiste sur la nécessité pour les territoires de repenser l’offre de formation et son articulation avec l’emploi, notamment dans les villes moyennes et les agglomérations qui affichent des besoins d’emplois industriels. 

Concernant la mobilité, les recensements, bien qu’utiles, ne capturent qu’imparfaitement les déplacements quotidiens. Les trajets domicile-travail ne représentent que 13 % des déplacements quotidiens réalisés en semaine dans le bassin de vie toulousain. Ne se baser que sur cette donnée pour planifier des infrastructures ou des politiques de décarbonation invisibilise les besoins des inactifs et les autres motifs de déplacement, comme les loisirs. 

Le rôle des migrations et l’avenir étudiant 

LLe numéro propose également une approche des migrations internationales par le prisme de la démographie. Catherine Wihtol de Wenden, politologue, souligne ainsi qu’il est faux de croire à un lien mécanique entre la croissance démographique ou la jeunesse des populations du Sud et une accélération des perspectives migratoires. Elle indique notamment qu’à l’échelle mondiale, l’essentiel des migrations est régionalisé et que les déplacés environnementaux, parmi les plus pauvres des migrants, traversent rarement les frontières de leurs pays. 

Découvrir la revue Belveder « Détours démographiques » parue en octobre 2025

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