Nouvellement associé au comité expert de l’AUAT, André Crocherie partagera son expérience dans cette instance de gouvernance de l’agence, seule structure selon lui qui permet de penser le territoire à l’échelle adaptée. Interview.
Nommé directeur régional et directeur départemental de l’équipement en 2003, vous avez immédiatement été associé aux projets d’aménagement à votre arrivée à Toulouse. Quels étaient les enjeux à ce moment-là ?
Le préfet Hubert Fournier m’a directement impliqué dans les réflexions des premiers Schémas de cohérence territoriale (SCoT). La planification de la grande agglomération toulousaine a été un projet phare. Toulouse était en décalage par rapport à d’autres agglomérations en France et les débats portaient donc sur l’échelle de la planification. Mon rôle était d’assister le préfet, en tant que représentant technique de l’Etat. L’AUAT était alors là aussi très présente pour conduire cette réflexion.
L’idée d’un nouvel aéroport était aussi sur la table, pour Toulouse
Effectivement, mais ce projet n’a pas abouti, avec raison peut-on se dire aujourd’hui. Il était aussi question d’un grand contournement autoroutier de Toulouse, une idée qui n’a pas aboutie non plus tout en permettant de réfléchir au territoire. C’est aussi cela l’aménagement : explorer des idées pour ensuite ne pas réaliser, en conscience.
L’aménagement du territoire peut outrepasser les limites administratives des communes et des départements…
Exactement, c’est l’enjeu des bassins de vie qui doit s’imposer, en associant largement les acteurs du territoire. Les agences d’urbanisme, œuvrant à la bonne échelle, ont un rôle fondamental à jouer. Je regrette à ce titre qu’il n’y ait pas d’agence d’urbanisme à Montpellier. Cette agglomération en bénéficierait pour penser les projets de demain. A l’échelle toulousaine et outre les débats sur l’interscot, l’agence a permis l’émergence de coopérations avec le Dialogue métropolitain de Toulouse, dès 2005. Cette structure continuera d’aider les intercommunalités à travailler ensemble. C’est autant difficile que nécessaire.
Vous évoquez « la bonne échelle » pour les projets d’aménagements : quelle est-elle ?
La réponse n’est pas simple, et c’est pourquoi la question se doit d’être posée, pour chaque projet, par l’agence d’urbanisme. Le dénominateur commun des bonnes échelles pourrait être celui qui associe les collectivités concernées, l’Etat et toutes les parties prenantes (habitants, acteurs économiques, associatifs, techniques). La bonne échelle serait ainsi celle qui suscite un débat permettant de créer le consensus.
Vous rejoignez le comité expert de l’AUAT, quel sera votre rôle ?
Il s’agit d’une des instances de gouvernance de l’agence. Aux côtés d’autres acteurs, avec qui j’ai eu à travailler, comme Marie-Christine Jaillet et Alain Garès, j’apporterai un regard sur la mise en œuvre du projet d’agence et des objectifs prioritaires définis par le conseil d’administration. Je serai particulièrement attentif aux enjeux environnementaux, énergétiques et de mobilité.