Préfet de l’ex-région Midi-Pyrénées et de la Haute-Garonne de 2000 à 2003, Hubert Fournier revient sur sa collaboration avec l’AUAT à l’occasion des 50 ans de l’agence. Pendant 8 mois, il a créé les conditions de dialogue permettant de mettre sur les bons rails les premiers Schémas de cohérence territoriale (SCoT).
Quel souvenir gardez-vous de votre poste de préfet, depuis Toulouse ?
Mon expérience à Toulouse a été marquante pour plusieurs raisons. En 2000/2001, l’État s’organisait pour permettre l’acheminement des pièces de l’A380 devant être assemblées à Toulouse en temps et en heure. En 2001/2002, c’est le drame d’AZF qui a occupé mon esprit et mobilisé tous les services de l’État. En 2002 j’ai commencé à m’impliquer fortement dans les questions d’urbanisme : la loi SRU venait d’être publiée. Bien connue pour ses obligations en termes de pourcentage de logements sociaux, elle a aussi modifié en profondeur le droit de l’urbanisme. Les Schémas de cohérence territoriale (SCoT) ont ainsi vu le jour, en lieu et place des Schémas directeurs d’aménagement urbain (SDAU). En Haute-Garonne, plusieurs communes se sont rapidement emparées du sujet. Elles commençaient à se prononcer sur les périmètres souhaitables des SCoT… Pour éviter que chaque collectivité fasse cavalier seul, il m’est apparu indispensable, avec le directeur régional de l’équipement, d’intervenir.
Pour quelles raisons vous êtes-vous fortement impliqué au début de l’élaboration des SCoT ?
Il était essentiel que les collectivités, mais aussi les acteurs socio-professionnels comme les chambres consulaires, soient réunis autour d’une table. Réfléchir ensemble sur le ou les périmètres des futurs SCoT devait être un projet collectif. Certains pensaient qu’il fallait un SCoT unique à l’échelle de l’ensemble de l’aire urbaine toulousaine. D’autres estimaient qu’il fallait plusieurs SCoT pour tenir compte des spécificités de telle ou telle partie du territoire. Nous avons donc mis sur pause toutes les initiatives pour lancer un groupe de travail avec tous les acteurs concernés. L’objectif premier était de partager l’information. C’était un préalable pour permettre un échange fondé sur des données connues par tous et faciliter des décisions cohérentes. C’est une démarche dont je garde un grand souvenir. A ce moment-là, nous avons sollicité l’AUAT pour réaliser un diagnostic à l’échelle de l’aire urbaine de Toulouse.
Qu’attendiez-vous de l’AUAT pendant cette phase de diagnostic ?
Je présidais les réunions en m’attachant d’abord à ce que chacun écoute l’autre. Pour cheminer ensemble, il fallait des données clés sur l’agglomération. Il fallait aussi une analyse de l’histoire du développement qui soit ouverte et facilitant l’échange, au lieu de clore la discussion. L’agence a pleinement joué ce rôle. Je me souviens d’une équipe très motivée, qui a bien trouvé sa place dans la démarche engagée en étant facilitatrice de dialogue. Créer de l’intelligence collective était un vrai défi, en articulant les aspirations locales et une réflexion plus large. Je crois que nous avons réussi à le faire, au terme d’une petite année de discussions. Nous avons ensuite atteint une forme de consensus. A l’issue de cette démarche, l’État avait, je pense, rempli son rôle et il était naturel que je passe le relais à un élu. C’est Claude Raynal, élu de Toulouse Métropole à l’époque, qui a poursuivi la réflexion avec l’ensemble des partenaires.
L’archive à découvrir : le diagnostic préalable au SCoT de l’aire urbaine de Toulouse
Cette étude de 2002, confiée à l’AUAT par la direction régionale de l’équipement, visait à alimenter les discussions entre acteurs des futurs SCoT de l’aire urbaine de Toulouse.
Elle dresse un état des lieux des dynamiques migratoires, de la croissance démographique et de l’architecture du territoire, en rendant compte des dynamiques à l’œuvre au sein des territoires périurbains.