Claude Raynal : « une agence d’urbanisme doit garder une liberté de ton »

Claude Raynal : « une agence d’urbanisme doit garder une liberté de ton »

Interview de Claude Raynal, sénateur de l’ Haute-Garonne, à l’occasion du 50ème anniversaire de l’AUAT qu’il a présidé de 2008 à 2014.

Claude Raynal : « une agence d’urbanisme doit garder une liberté de ton »

Aujourd’hui sénateur de la Haute-Garonne, Claude Raynal est un passionné d’urbanisme, d’aménagement du territoire et de projets architecturaux. Interview à l’occasion du 50ème anniversaire de l’AUAT, qu’il a présidé de 2008 à 2014.

Vous avez partagé la moitié de la vie de l’AUAT qui fête son 50ème anniversaire en 2022. Est-ce que vous identifiez un fil rouge ?

C’est l’intercommunalité. Je fais partie de ceux qui ont été dès l’origine des ardents soutiens de cette démarche. L’AUAT ayant notamment été créée pour tracer cette voie pour le territoire, c’est tout naturellement que je m’y suis impliqué tout d’abord en tant que conseiller délégué à l’intercommunalité de Tournefeuille entre 1989 et 1992. J’ai ensuite été vice-président du district du Grand Toulouse puis ai présidé l’agence lorsque Pierre Cohen a été élu maire de Toulouse.

Votre premier sujet a été la création de la communauté urbaine, en 2008

Toulouse avait jusque-là toujours freiné la mise en place de ce projet que j’ai eu le plaisir de mettre en route. L’agence a été un terrain de préparation et à permis aux maires de comprendre le sens de ce territoire de vie. Côté politique, nous avons eu l’appui involontaire de Christian Estrosi, qui bénéficiait des soutiens adéquats pour que Nice devienne également une communauté urbaine et Toulouse a bénéficié de cette ouverture. Aujourd’hui encore, l’intelligence des territoires doit être discutée et améliorée et l’AUAT doit y contribuer. Cela passe notamment par une connaissance plus large du territoire. Je me souviens avoir amené l’agence à travailler avec Albi, ce qui a constitué un point de départ pour l’AUAT qui travaille aujourd’hui avec des villes moyennes et a élargi son territoire d’intervention.

Vous êtes toujours un passionné d’urbanisme et d’aménagement

J’ai une formation en génie civil et il est vrai que j’aime la matière, les projets qui changent un espace de vie. Lorsque j’étais maire, je signais les projets importants. Je participe toujours à des congrès nationaux comme la rencontre Fnau et vais aussi à l’étranger suivre des projets urbains ambitieux. Des gestes architecturaux peuvent marquer un territoire, donner de l’allure à des lieux qui sommeillent. La culture et l’urbanisme vont souvent de pair.

Revenons aux enjeux d’intercommunalité au début des années 2000 : vous seriez l’inventeur de l’interscot ?

J’ai effectivement inventé le mot et le concept d’interscot. A la suite de la concertation lancée par le préfet Fournier, l’interscot a été engagé pour relier 4 SCoT et constituer un espace propice à la planification, à l’échange et à la discussion. Je me suis beaucoup engagé, aux côtés de Clarisse Schreiner de l’AUAT. Arbitrer entre maires, expliquer la démarche…. J’ai ensuite œuvré en métropole comme à La Réunion pour faire connaitre cette démarche collective. Cette bataille est encore loin d’être finie car il y aura toujours des défenseurs du « small is beautiful ».

Quel regard portez-vous sur les agences d’urbanisme aujourd’hui ?

Une agence d’urbanisme est une structure qui pense le territoire, connaît les outils et aide les élus dans leurs réflexions. Elle met à leur disposition des éléments de connaissance et d’appréciation qui résultent d’un programme de travail partenarial, ce qui marque une différence avec les bureaux d’étude. Il est donc essentiel que les agences développent des idées, les défendent en gardant une liberté de ton, mais aussi qu’elles sachent bien les présenter, en faisant preuve de rondeur. L’agence d’urbanisme doit savoir ployer mais ne pas rompre… Il n’y a pas de vérité éternelle en urbanisme, l’histoire nous le montre très bien.

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