Pierre Cohen revient sur plus de 30 années de collaboration avec l’AUAT. L’occasion de revenir sur les prémices de l’intercommunalité alors qu’il était conseiller municipal de Ramonville en 1983, jusqu’à la fabrique toulousaine à la fin de son mandat de maire de Toulouse, en 2014.
Vous connaissez bien l’AUAT, qui fête son 50ème anniversaire en 2022. Dans quel contexte avez-vous commencé à y évoluer ?
Dans les années 80, Ramonville était une petite commune, encore hors du Sicoval. Nous n’avions pas la puissance économique de Blagnac ou de Colomiers et c’est pourquoi adhérer à l’agence était une opportunité. Cela nous faisait bénéficier d’une réflexion experte tout en pouvant être autour de la table avec les autres collectivités. A ce moment-là et en l’absence d’intercommunalité institutionnalisée, l’AUAT se donnait ce rôle, sans compétence juridique. C’était un moyen pour nous de donner de la voix sur les questions économiques, de développement commercial et de transport, par exemple avec le projet de schéma directeur d’aménagement et d’urbanisme.
2009 a été l’année de la communauté urbaine…
Nous avions effectivement 20 ans de décalage avec d’autres territoires et ce projet a été mené en 6 mois, avec 25 communes. Des compétences fondamentales ont été assumées par la communauté urbaine du Grand Toulouse. Le projet de SCoT était lancé et l’AUAT était à la manœuvre depuis 2001 pour initier un InterSCot qui verra le jour en 2017. Ce projet a été un tournant et l’agence a su favoriser cette réflexion qui concerne plus de 350 sur près de 70% du département de Haute-Garonne. Claude Raynal, alors président de l’AUAT, a été décisif, tout comme Clarisse Schreiner qui dirigeait l’activité de planification de l’agence.
Pouvez-vous revenir sur la démarche de la fabrique urbaine ?
Nous voulions rendre visible et accessible la fabrique de la ville auprès des habitants. L’objectif était qu’ils soient au plus proche de ce que peuvent amener les urbanistes, mais aussi les promoteurs et les organismes HLM pour que les orientations du projet urbain soit connues, débattues et concrétisées collectivement. Cela s’inscrivait dans une dynamique qui a vu la création des 6 secteurs de Toulouse et l’ouverture de 5 maisons de la citoyenneté. Il y a 13 ans, la concertation était une notion moins évidente qu’aujourd’hui.
Vous évoquiez aussi l’idée de faire de Toulouse une ville d’eau
L’eau est un enjeu de bien commun et j’ai souvent pensé que le bleu de la trame verte et bleue était souvent peu mis en valeur. C’est pourquoi nous avions lancé le plan Garonne en 2010, avec le déplacement du parc des expositions et la question des îlots de fraicheur. L’idée de proposer aux habitants une respiration fluviale était un point fort.
Vous avez aussi participé à la création de l’association du Dialogue Métropolitain de Toulouse
L’idée était de prendre à contre-pied l’histoire de Toulouse, « la ville qui fait tout toute seule ». Nous étions persuadés que la richesse de Toulouse pouvait créer plus de ruptures et d’inégalités entre les territoires. Nous avons alors travaillé sur la culture, le monde universitaire… Je souhaite un bon développement à cette initiative et des coopérations fructueuses entre territoires.