Maire de Villeneuve-Tolosane de 2001 à 2020 et élu métropolitain, Dominique Coquart revient sur la diversité des projets d’urbanisme qui l’ont amené à travailler avec l’AUAT et ceci à l’échelle communale, intercommunale et de la grande agglomération toulousaine.
Dans quelles circonstances avez-vous noué votre premier contact avec l’AUAT ?
Tout juste élu à Villeneuve-Tolosane en 2001, nous avons décidé de changer de document cadre d’urbanisme. L’idée était de mieux expliciter les enjeux d’aménagement du territoire et de passer d’un POS (plan d’occupation des sols) à un PLU (plan local d’urbanisme). J’ai alors rencontré Warda Assanelli et le premier contact a été détonnant : elle connaissait mieux que moi le territoire et ses enjeux d’aménagement. Nous avons ensuite sollicité l’AUAT pour une assistance architecturale et cela a marqué le début d’une longue collaboration. Christian Pouget nous a apporté ses qualités humaines, sa connaissance du territoire et des techniques d’urbanisme. C’était d’autant plus précieux qu’il n’était ni habitant de Villeneuve-Tolosane, ni élu.
En quoi consistait la mission d’assistance architecturale pour la commune de Villeneuve-Tolosane ?
Quand on est une petite commune, l’urbanisme est géré par 1 à 2 personnes, essentiellement pour les instructions ou les questions juridiques. Il faut pourtant avoir du répondant face à des promoteurs qui proposent des programmes de 30 à 100 logements. L’assistance architecturale est donc précieuse pour analyser les préprojets et fournir aux élus des rapports détaillant les plus et les moins des propositions. Cela nous permettait d’exprimer précisément nos souhaits d’amélioration et de négocier par exemple le positionnement sur la parcelle ou les caractéristiques des logements. Autre exemple d’assistance architecturale : Christian Pouget a réinterrogé des projets passés. Les objectifs initiaux avaient-ils été atteints ? Les habitants s’y plaisent-ils ? Le nombre de stationnement est-il adapté ? Cela nous a beaucoup aidé, d’autant plus que l’agence nous partageait des retours d’expériences d’autres communes. L’AUAT, c’est un condensé d’expérience et de données, ce qui est très précieux pour un élu.
Villeneuve-Tolosane est passée de 8 200 habitants en 1999 à plus de 10 000 en 2019 et la ZAC de Las Fonsès a été un élément fort de la politique d’accueil. Pouvez-vous revenir sur la genèse du projet ?
Treize hectares était à aménager mais nous ne savions pas comment. Nous avons donc sollicité l’AUAT, dès 2004, et l’équipe de Jérôme Ionesco nous a proposé 3 scénarios très contrastés. Chacun répondait à nos ambitions d’améliorer la ville. Les options différaient néanmoins pour hiérarchiser les voies, les espaces verts et articuler le quartier au reste de la ville. En 2007, nous avons tout présenté aux habitants et la réunion publique nous a aidé à converger vers un scénario acceptable. Une fois l’aménageur choisi, nous avons demandé à la communauté urbaine de porter le projet et les premiers lots ont été ouverts en 2012. La ZAC est réalisée aujourd’hui à 80%, avec une école maternelle et élémentaire, réalisée conjointement avec la commune voisine de Roques.
L’archive à découvrir
Retrouvez les trois scénarii proposés aux habitants
de Villeneuve-Tolosane en 2007, pour aménager
la ZAC de La Fonsès.
Vous avez pratiqué de l’intercommunalité de proximité en développant plusieurs projets avec des communes voisines. Ce n’est pas si commun…
J’ai toujours été frappé par certains élus enfermés dans leurs limites administratives, alors qu’elles comptent peu pour les habitants. La piscine de la Ramée, réalisée avec Tournefeuille et Cugnaux, tout comme le projet de Gendarmerie intercommunale avec Cugnaux sont des exemples qu’à plusieurs on réalise de beaux projets, même si ce n’est pas plus simple pour autant. Plus largement, l’intercommunalité est une grande aventure encore porteuse d’avenir. En tant qu’élu communautaire, je me suis engagé dans le SMEAT pour le projet de schéma cohérence territoriale de la grande agglomération toulousaine. Le rythme de travail était intense et j’ai apprécié côtoyer des personnes d’horizons divers. Voté en 2011 à la quasi-unanimité, le SCoT est un symbole de la capacité des élus à évoluer – certes lentement – sur des enjeux de densité, d’accueil de population et de mobilité. Ce projet a aussi été vecteur de prise de conscience, notamment sur les enjeux climatiques. Pour la révision du SCoT, nous avons, par exemple, travaillé sur les îlots de fraicheur.
Un mot pour conclure ?
Travailler sur l’urbanisme et l’aménagement, c’est aussi douter. Pendant ces années, j’ai le sentiment d’avoir vécu un « compagnonnage » avec les équipes de l’AUAT et d’avoir beaucoup appris d’elles. L’agence doit continuer à écouter les élus et les aider à décider, sans pour autant orienter la prise de décision. Comprendre l’imbrication des échelles SCoT-EPCI-communes est essentiel et l’agence aide les élus à s’acculturer en la matière. Ces derniers doivent contribuer à l’intercommunalité sans se demander sans cesse si tel ou tel projet est ou n’est pas favorable à leur commune. Je pense néanmoins que cette tension va progressivement disparaître avec le renouvellement des générations car bien des questions ont peu de sens abordées à l’échelle communale.