Aujourd’hui chargée de projets à la direction habitat-foncier de Toulouse Métropole, Florence Mizzi revient sur son évolution à l’AUAT jusqu’en 2020, avec un double fil rouge : le lancement de la démarche prospective de l’agence et la création de la revue Belveder.
Vous avez rejoint l’AUAT en 2003 pour lancer la démarche prospective en lien avec les projets du SMEAT. Quels étaient les enjeux ?
Le Syndicat mixte d’études de l’agglomération toulousaine menait l’exercice du schéma directeur et un besoin d’acculturation sur les grands sujets sociétaux se dessinait. Les temps de la ville, le vieillissement, les modes d’habiter… Il fallait alimenter les réflexions des élus en lien avec les projets de planification et c’est pourquoi Jean-Marc Mesquida m’a embauchée. La prospective a donc débuté à l’AUAT par l’organisation de conférences avec des sachants d’horizons très variés. Venant d’un bureau d’études sur les politiques de l’habitat, j’étais déjà intéressée par les modes de vie et les usages de la ville.
Que retenez-vous de cette époque ?
C’était une période passionnante. Je devais m’investir dans des sujets très variés en essayant de comprendre comment les évolutions des modes de vie allaient impacter les manières de faire. Autrement dit, il n’était pas attendu que l’on aborde les thèmes de prospective d’un point de vue opérationnel, mécanique. L’idée était d’amener les élus et les professionnels qui les accompagnent à faire un pas de côté pour envisager des devenirs pour leurs territoires. Peu à peu la prospective s’est adossée aux observatoires partenariaux de l’AUAT, en croisant les approches et les thématiques. Nous avons alors noué des contacts avec des enseignants-chercheurs et des experts nationaux. Chaque sujet abordé était un peu comme une bouteille à la mer, puisque nous ne savions pas ce que cela allait susciter chez nos auditeurs. C’était très riche.
Fin 2016, le numéro 0 de la revue Belveder voyait le jour : quels étaient les objectifs ?
Nous voulions prolonger la démarche prospective en aidant à prendre du recul sur le quotidien de l’aménagement. Belveder a donc été créée pour bâtir des passerelles entre expertises et c’est pourquoi il s’agit d’une revue collaborative. Un comité d’orientation et un comité de rédaction permettent d’engager des débats sur des sujets aussi variés que le numérique, la santé, le commerce, la rue… D’un numéro à l’autre, Belveder a consolidé les partenariats avec les laboratoires de recherche des universités et, je l’espère, aidé à diffuser des idées utiles à la réflexion urbaine auprès d’un public large, parfois non initié.
Faire une revue est un projet à part entière : comment avez-vous réussi ?
La revue a conduit à la formation d’une sacrée équipe à l’agence. Je pense à Christophe Hahusseau et Frédéric Bastier, pour la conception et la mise en page ; Damien Fiorella qui s’est occupé de la mise en ligne d’une revue dès l’origine accessible et gratuite ; et bien sûr l’équipe de la « Doc », Sylvie Bugueret et Marie Aribaut, soutiens précieux sur les recherches documentaires et iconographiques. Je tenais à ce que chaque revue soit très illustrée. D’autres voulaient beaucoup de texte, ou beaucoup de blanc pour faire respirer les idées… Chaque salarié de l’agence pouvait contribuer et donner son avis. Nous voulions faire un objet invitant et je pense que nous avons toujours réussi à sortir des numéros de qualité. L’arrivée et l’implication de Morgane Perset y est pour beaucoup. J’ai quitté l’agence en 2020, pendant la conception du numéro 8 sur le sol. C’était un signe, puisque je suis désormais côté collectivité pour travailler sur les questions foncières.
Avec un peu de recul, quel regard portez-vous sur les missions de prospective des agences d’urbanisme ?
Je mesure aujourd’hui à quel point l’ouverture de l’agence est essentielle. De manière générale, je suis convaincue de l’utilité de ce volet d’activité pour les collectivités. Elles ont besoin des agences d’urbanisme pour prendre de la hauteur, réfléchir à leurs devenirs et écrire un récit pour le territoire.