Trois questions à Johan Druere, étudiant à l’ISAE-SUPAERO qui se spécialise en dynamique des fluides, énergie, transport et environnement. Son témoignage, tourné vers l’avenir, conclut la série engagée à l’occasion des 50 ans de l’AUAT.
Pourquoi avez-vous choisi cette voie pour votre formation ?
Le secteur aéronautique m’a attiré depuis ma prépa et l’urgence climatique a guidé mon orientation pour essayer de réconcilier transports, énergie, environnement et climat. C’est en partant en Suède, dans le cadre de mes études, que j’ai constaté que tout était imbriqué : l’urbanisme, l’aménagement d’un territoire, l’économie, l’histoire, la politique… J’ai donc pensé que sans être urbaniste, je pourrais contribuer à rendre la ville sobre en me spécialisant dans le transport de façon plus globale et dans l’énergie.
La mobilité, qui est un point charnière dans l’attractivité d’un territoire, m’a amené à ne pas concentrer mon apprentissage sur un moyen de transport unique mais viser la multimodalité.
Finalement, la mobilité et l’énergie sont aux fondations du territoire habité. Les repenser revient à toucher du doigt le concept de ville sobre, efficace et où il fait bon vivre.
Quels enjeux actuels vous mobilisent particulièrement ?
Le principal enjeu est de parvenir à la décarbonation de nos activités dans un objectif plus global de limiter le réchauffement climatique à +1,5°C, comme le préconisent les travaux du GIEC. La mobilité étant un secteur d’émissions important, il faut la repenser. Attention toutefois à s’assurer à ne pas réserver la mobilité à une partie de la population mais de la défendre pour tous, tout en n’enclavant pas les territoires extérieurs. La population des grands centres et métropoles étant croissante, il n’est pas possible de concentrer les habitants dans ces zones centres. L’étalement en est le prix. Pourquoi ne pas réfléchir à un réseau où chaque nœud est primordial et ne peut pas être substitué par un autre, faire plein de petits pôles pour éviter ces flux et les cités dortoirs ?
L’idéal est de fabriquer une ville où l’on peut vivre agréablement, travailler sans subir des temps de parcours trop longs, avoir envie d’y rester et bénéficier de connexions pratiques pour accéder aux métropoles si besoin.
Comment voyez-vous l’avenir dans 30 ou 50 ans ?
Etant optimiste, je me dis que dans 50 ans on se sera débarrassé plus ou moins des énergies fossiles. Nous utiliserons des sources d’énergie décarbonées. Nous aurons engagé un nombre d’actions considérable vers la décarbonation et les transports seront les gagnants. Le territoire sera un lieu d’activité et de vie, où on pourra facilement aller d’un point lieu à l’autre. Les villes auront par exemple un éclairage intelligent permettant les économies d’énergie, le calme sera revenu puisque les moteurs les plus bruyants auront disparu, etc. Les systèmes d’énergie seront intégrés à la ville, avec des panneaux photovoltaïques ou mini éoliennes sur chaque bâtiment ou encore un chauffage fourni par les déchets des habitants par exemple. La ville sera une unité de production.