L’AUAT met en lumière, pour ses membres et partenaires, des retours d’expériences en Haute-Savoie, à Rochefort Océan et Toulouse Métropole, pour alimenter leurs réflexions en matière de foncier et de programmation économique. Détails.
Et si la raréfaction d’un foncier « facile » et les prescriptions environnementales faisaient évoluer les modèles de développement économique ? Les retours d’expériences partagés en rencontre des observatoires de l’AUAT à la mi-mai semblent bien l’indiquer.
Joseph Carles, vice-président de Toulouse Métropole et maire de Blagnac, a ouvert les discussions. Il a positionné le réinvestissement des zones d’activités existantes comme une solution pour sortir de l’injonction contradictoire de réindustrialiser les territoires sans nouveau foncier à mobiliser. « Nous avions déjà partagé précédemment des éléments de méthode et de stratégie pour évaluer le potentiel de densification de nos territoires. Allons plus loin avec des approches complémentaires qui font du dialogue avec les acteurs économiques une des clés de la réussite », a indiqué l’élu.

Mix’Cité : un concours pour optimiser le foncier économique et répliquer des méthodes
Amélie Boudart (CAUE de Haute-Savoie) et Vincent Cézard (EPF de Haute-Savoie) ont présenté la 3ème édition de Mix’Cité. Celui-ci portait sur l’optimisation foncière de zones d’activités économiques existantes, lesquelles réunissent 40% des emplois du département.
La démarche a porté sur deux sites d’expérimentation aux profils différents : Balvay à Rumilly et Mont-Blanc à Annemasse. Ces deux secteurs ont été identifiés lors de l’inventaire des 556 zones d’activités, où le foncier est désormais rare et cher. Pour chacun, des parcelles locomotives ont été ciblées pour initier des dynamiques de requalification. Mixité des usages, approche paysagère, mutualisation des services et des usages, réplicabilité des méthodes… Des enjeux en lien avec les attentes des entreprises et de leurs salariés sont au cœur de concours. Ces deux projets de requalification ont permis le développement d’une gouvernance plurielle, avec les partenaires et les acteurs du territoire. « Des groupements d’acteurs pluridisciplinaires se sont positionnés en portant des propositions remettant complètement à plat les perceptions des techniciens et élus de leurs propres zones d’activités » ont indiqué les témoins.
Rochefort Océan : une ZAC pour anticiper les besoins, des comités de sites pour dialoguer et un Pacte pour responsabiliser les acteurs locaux
Rochefort Océan présente, par la voix de son DGA Olivier Trégret, d’autres méthodologies d’interventions, développées pour la ZAC de l’Arsenal. Engagé depuis 10 ans, ce projet vise à requalifier un site historique en pôle économique moderne. L’intervention exigeant des acquisitions foncières, des expropriations et des travaux d’aménagement soutenus avec force et conviction par les élus du territoire. En parallèle, la communauté d’agglomération développe un dialogue permanent avec les entreprises et les acteurs locaux. Des comités de sites sont actifs à l’échelle des zones d’activité ; les acteurs économiques sont sensibilisés aux enjeux de sobriété. Rochefort Océan entend aussi mieux maitriser la commercialisation des espaces fonciers disponibles, avec une meilleure qualification des demandes et l’accompagnement des porteurs de projets. Elle souhaite aussi proposer une alternative à la commercialisation avec la mobilisation de l’outil du bail à construction.
Les comités de sites favorisent l’émergence d’une gouvernance collaborative. Celle-ci favorise une concertation précoce sur l’optimisation foncière, la densification et l’intégration paysagère. Elle facilite également l’alignement des besoins des entreprises avec ceux du territoire (projet de développement d’Airbus Atlantic).
Enfin, ce dialogue entre le territoire et les acteurs économiques s’est enrichi d’un Pacte industrie-territoire. Lancé dans le cadre du programme territoires d’industrie, celui-ci est conçu comme un modèle de responsabilité territoriale. Il vise à favoriser un développement industriel harmonieux, durable et accepté localement. S’il est volontaire, celui-ci est systématiquement proposé à toutes les entreprises locales et aux nouveaux arrivants. Il leur permet de bénéficier du soutien de l’écosystème et des dispositifs mis en œuvre par le territoire. L’adhésion se fait pour une durée de trois ans, avec une révision annuelle des actions définies par chaque entreprise.
Toulouse Métropole : une stratégie globale en matière de développement commercial prenant appui sur différentes formes de partenariats publics-privés
Avec une stratégie pour ses 254 pôles commerciaux, Toulouse Métropole œuvre pour structurer, revitaliser et équilibrer son maillage commercial. Marie Geyer, chef du service commerce et artisanat a présenté l’action de la métropole. Les requalifications des sites de Balma-Gramont et de Basso Cambo à Toulouse ont été présentées. Ceux-ci aspirent à renforcer les commerces de proximité, moderniser les zones vieillissantes et améliorer la mixité (logements, services, loisirs).

Les deux projets constituent des exemples emblématiques de la stratégie métropolitaine fondée sur l’articulation de la planification règlementaire (PLUiH, zonages, linéaires de protection), la connaissance des filières locales (concessionnaires automobiles, professionnels de santé, cinéma, hôtellerie…), la mobilisation d’outils opérationnels (préemption commerciale et comités d’enseignes) et de partenariats public-privé.
Le projet de Basso Cambo vise ainsi à transformer la zone commerciale en une centralité rénovée mêlant commerces, logements et activités de loisir, avec une importante désimperméabilisation et une ouverture sur le quartier limitrophe de la Reynerie. Concernant la mise en œuvre de telles opérations foncières et commerciales, Marie Geyer a souligné l’importance du portage politique des projets de requalification et la capacité de la collectivité à ajuster sa stratégie à celle des acteurs privés.
Crédit Photo : Oppidea