Retour sur la rencontre des observatoires focalisée sur la conjoncture des commerces de l’agglomération toulousaine , leur rôle extra-économique et des exemples d’opérations de revitalisation de centres-villes.
« Il y a des évolutions, mais pas de révolution » indiquait l’élu référent Olivier Arsac le 3 juillet dernier à propos de la situation des commerces de plus de 300 m² dans l’agglomération toulousaine. En effet, dans la lignée de tendances observées en 2023, « l’année passée est dans la moyenne des autorisations accordées ces 5 dernières années » appréciait Yoan Thyssier, chargé de projets à l’AUAT. Dans l’agglomération toulousaine, 12 800 m² ont été autorisés pour 10 projets, dont près de 80 % concernent des réactivations de droits d’exploitation commerciale. « La tendance d’ouverture de nouveaux commerces est donc très faible » ajoute-t-il.
80% des nouvelles autorisations concernent la commune de Toulouse, alors que l’activité se développait jusque-là dans des communes en périphérie de l’aire urbaine. Le stock continue de baisser puisqu’il s’établit à 65 200 m², dont 39% sont l’apanage du seul projet de centre commercial Porte des Pyrénées à Muret.
Tendance positive pour les grandes surfaces
Fin 2023, 1 457 400 m² étaient mobilisés par les commerces de grande surface (plus de 300 m² de surface de vente), soit 12 200 m² de plus par rapport à fin 2022. Yoan Thyssier l’explique : « 28 500 m² ont été ouverts ou résultent d’extension à Toulouse, Carbonne, Fronton, Fenouillet, Grenade, Cazères et Roques. 16 300 m² ont été retirés du fait de fermetures d’enseignes à Toulouse, Saint-Orens, Portet-sur-Garonne ou encore Muret. » Cela dénote une dynamique plus importante pour le parc de grandes surfaces après plusieurs années de stagnation de l’offre, avec des fermetures qui compensaient les ouvertures, dont le démarrage sera scruté dans les années à venir.
70% de la surface de vente de l’agglomération toulousaine (entouré en jaune sur le graphique ci-dessous) est occupée par des commerces alimentaires ou d’équipements de la maison. Le cœur de l’aire urbaine est le mieux couvert par les commerces de plus de 300 m². Plus de 60% de l’offre est en effet concentrée dans les communes de Toulouse, Roques, Portet sur Garonne, Labège, Saint Orens de Gameville, Balma, Colomiers, Blagnac et Fenouillet.
Le commerce perd des emplois…
Des changements sont à l’œuvre dans la composition de l’offre au plan national. Les activités les plus dynamiques sont les salles de sport. La restauration rapide est également toujours dynamique, tout comme la boulangerie. A l’inverse, les enseignes de prêt à porter connaissent beaucoup de difficultés. La recomposition de l’offre commerciale depuis 2020 et la crise de la covid-19 est responsable de la fermeture de 3 500 à 4 000 magasins en France. Un point sensible est aussi à noter : selon l’Insee, l’emploi généré par le commerce de détail est en baisse pour la première fois depuis très longtemps. Le taux de vacance dans le centre-ville est également en légère hausse.
… malgré ses effets positifs, au-delà de l’économie
Elise Ho-Pun-Cheung, chercheuse-consultante au sein de la société Datactivist, a présenté les conclusions d’une étude sur les externalités sociales et environnementales du commerce. « Le commerce joue un rôle dans le tissu social, de soutien aux personnes âgées ou encore aux personnes dans le besoin. Il a par exemple un impact sur la vie de quartier » a-t-elle expliqué. 18 effets positifs sont ainsi relevés dans l’étude de la société coopérative résultant de 200 entretiens de commerçants menés en 2023 et 2024 dans 10 agglomérations en France. Cette connaissance amène un contrepoint aux études existantes sur les effets ou « externalités » négatives, comme la gentrification ou la pollution générée par certains commerces ou aux analyses purement économiques.
La revitalisation des centres, par les commerces
Mathieu Vidal, adjoint au maire d’Albi délégué au commerce, a partagé les grands objectifs de la politique de revitalisation commerciale engagée par la commune. Elle s’appuie notamment sur des outils opérationnels permettant d’accompagner les porteurs de projets. Un focus sur la lutte contre la vacance a été réalisé. Mathieu Vidal s’est également attaché à détailler les implications de la mise en place de la politique de revitalisation pour la collectivité : « l’enjeu est de constituer une communauté d’acteurs, grâce à une montée en compétences des services de la ville, en lien avec des associations de commerçants ».
Crédit image : SCIC Bien Commun
Magali Pascal, directrice générale de la SCIC Bien Commun, a quant à elle présenté le métier d’une foncière solidaire intervenant dans le domaine du commerce. « La rénovation écologique du bâti ancien et la location de logements et de commerces à prix abordables sont des objectifs qui se rejoignent » a-t-elle indiqué, en illustrant la notion d’intérêt collectif qu’incarne les activités de la coopérative. Deux exemples d’opérations en cours sont venus enrichir le propos, comme celui de la maison Mazet à Cazes-Mondenard dans le Tarn-et-Garonne.
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