Risques inondations : les nouvelles actions engagées dans l’agglomération toulousaine
Agence d'urbanisme et d'aménagement Toulouse aire métropolitaine

Risques inondations : les nouvelles actions engagées dans l’agglomération toulousaine

Risques inondations : les nouvelles actions engagées dans l’agglomération toulousaine

A l’occasion du 13 octobre – journée nationale de la résilience face aux risques majeurs – portons la focale sur les dernières avancées du Programme d’actions de prévention des inondations de l’agglomération toulousaine, avec notamment de nouvelles connaissances sur la prévention des inondations par ruissellement.

Le risque inondation, un enjeu mineur pour l’agglomération toulousaine ? Pas vraiment. Comme l’indique Nicole Miquel-Belaud, conseillère métropolitaine en charge de la gestion des milieux aquatiques et de la prévention des inondations (GEMAPI) et de la gestion des eaux pluviales urbaines (GEPU) « Si notre territoire a effectivement eu la chance de ne pas connaître de crue majeure lors des dernières décennies, plusieurs inondations de la Garonne et de ses affluents ont durement touché l’agglomération toulousaine par le passé, notamment lors de la crue historique de juin 1875. Notre territoire connaîtra de nouvelles inondations à l’avenir, c’est inévitable. En revanche, nous pouvons nous préparer pour réduire au maximum les conséquences négatives de ces phénomènes, à commencer par l’adaptation de l’aménagement du territoire. »

1,5 milliard d’euros de dommages potentiels

À ce jour, du fait de l’expansion de l’urbanisation en zone inondable au cours de la deuxième moitié du XXème siècle, environ 50 000 logements, une dizaine de milliers d’entreprises et 200 établissements sensibles seraient exposés en cas de crue majeure de la Garonne.

photo d'une inondation à Toulouse en juin 2023

Les dommages potentiels cumulés s’élèveraient à 1,5 milliard d’euros et le fonctionnement du territoire serait fortement impacté. De plus, l’agglomération, du fait de l’imperméabilisation des sols, est exposée aux phénomènes d’inondations par ruissellement, comme l’ont montré les épisodes récents dans plusieurs communes en juin 2023, et l’épisode violent de juin 2014 dans l’Ouest toulousain (Tournefeuille et Colomiers principalement). 

Le PAPI à la rescousse

Pour prévenir ces risques, Toulouse Métropole, le Sicoval, le Muretain agglo et le Grand Ouest Toulousain mènent conjointement un Programme d’actions et de prévention des inondations (PAPI). 94 communes de l’agglomération sont ainsi concernées, avec l’accompagnement d’un large public : les habitants (en délivrant des conseils très concrets), les services des collectivités (avec un accompagnement proposé à chacune), les aménageurs, les entreprises et tout autre organisme pouvant subir les dommages générés par des inondations.

Nicole Miquel-Belaud précise : « il s’agit d’une démarche largement partagée avec les différents acteurs institutionnels. Elle donne un cadre, un cap commun pour réduire les risques liés aux inondations, en mobilisant tous les leviers possibles et en facilitant la réalisation des actions, quel que soit le porteur. C’est, forcément, un travail collectif, car nous devons toutes et tous être acteurs pour réduire les risques. »

Logo du  Programme d’actions et de prévention des inondations de l'agglomération toulousaine

Le ruissellement : un phénomène de mieux en mieux connu

Parmi les 32 actions du programme, celle relative aux inondations par ruissellement des eaux pluviales vient apporter des connaissances nouvelles utiles à la planification de l’aménagement.

Qu’est-ce que le ruissellement ? « Il s’agit de l’écoulement et de l’accumulation de l’eau de pluie à la surface du sol. La hauteur d’eau et la vitesse d’écoulement qui en résulte dépendront principalement de l’intensité des précipitations, de la capacité d’absorption des sols et de la pente », résume Martin Salesses, chef de projet du PAPI de l’agglomération toulousaine. « Si le sol est très imperméabilisé, avec du béton par exemple, le ruissellement sera très important. Les zones rurales peuvent aussi être affectées, avec en prime des risques de coulées de boue, qui sont un problème tant pour les agriculteurs que pour les infrastructures à proximité. Mais ce sont bien dans les zones urbanisées que les inondations par ruissellement sont les plus fréquentes. Elles peuvent engendrer des situations de danger pour les personnes et d’importants dommages sur les biens matériels Les avaloirs mis en place ne permettent pas d’absorber toute l’eau en cas de pluies très intenses. »

Favoriser l’infiltration de l’eau de pluie

Dans ce cas, suffirait-il d’augmenter la capacité d’évacuation du réseau de gestion des eaux pluviales ? Pas si simple. Comme le souligne Nicole Miquel-Belaud : « Aujourd’hui la logique n’est plus d’évacuer au plus vite et à tout prix l’eau en la faisant transiter dans des canalisations toujours plus grandes. En plus d’être très coûteuse, cette solution pose des problèmes de pollution des rivières. Elle augmente aussi le risque de générer des inondations rapides le long des petits cours d’eau. De plus, cette solution n’est pas compatible avec l’intensification probable des pluies extrêmes et des épisodes de sécheresse sous l’effet du changement climatique, le déclin de la biodiversité, ainsi que les îlots de chaleur urbains. » 

Toulouse Métropole, tout comme les collectivités voisines, a ainsi engagé l’élaboration d’un Schéma directeur de gestion des eaux Pluviales. Celui-ci vise à favoriser l’infiltration et la rétention des eaux de pluie au plus près de là où elles tombent. « Quelle que soit la solution retenue, des ruissellements seront toujours susceptibles d’apparaître en cas de pluies très intenses. Il faut donc s’atteler à rendre notre territoire plus résilient, en s’appuyant sur le PAPI : les politiques de gestion des eaux pluviales et de prévention des inondations sont très fortement liées et complémentaires » ajoute la conseillère métropolitaine.

Cartographier les zones inondables par ruissellement

Pour aider les acteurs publics et privés à agir, une étude sur les phénomènes de ruissellement à caractère exceptionnel a été menée dans le cadre du PAPI. Elle dresse un état des lieux des épisodes de ruissellement et des désordres observés ces dernières années sur le territoire de l’agglomération toulousaine. Surtout, elle apporte une connaissance fine et nouvelle sur les zones inondables par ruissellement et l’exposition du territoire à ce risque, auquel chacun d’entre nous peut se retrouver confronté un jour ou l’autre, en particulier en zone urbaine. Les cartes associées, déjà partagées aux acteurs institutionnels, seront mises à disposition du grand public début 2024 et sont disponibles sur demande.

Extrait de cartographie des hauteurs de submersion à Pibrac

Extrait de cartographie des hauteurs de submersion à Pibrac

Carte de l'occupation des sols dans l'agglomération toulousaine
légende des cartographies
Carte représentant le nombre de bâtiments exposés par km² dans l'agglomération toulousaine

Comparaison de l’exposition des bâtiments avec l’occupation des sols

Enfin, un panel de propositions a été formulé pour réduire les risques liés à ce phénomène. L’une d’entre elles vise à réduire l’imperméabilisation des sols et favoriser l’infiltration de l’eau, par exemple en renaturant.

Intégrer le risque inondation dans les documents de planification

Les connaissances créées dans le cadre du PAPI vont permettre de mieux intégrer la gestion des risques liés aux inondations dans l’aménagement du territoire. Elles alimenteront en particulier la future révision des Plans de prévention des risques inondation (PPRi), qui encadrent l’aménagement des zones inondables par débordement des cours d’eau. 

Concernant les inondations par ruissellement, tout est à construire. Le futur PLUi-H de Toulouse Métropole intégrera par exemple des orientations opposables relatives au ruissellement, mais pas de règle aussi stricte que celles inscrites dans les PPRi. 

« Les zones inondables par ruissellement sont influencées par la micro-topographie urbaine comme les murets et les vides-sanitaires » explique Martin Salesses. « Ces éléments n’ont pas été pris en compte dans la modélisation, faute de connaissance de ces éléments à grande échelle. De plus, les futurs aménagements peuvent impacter sensiblement l’emprise de la zone inondable et les hauteurs d’eau associées. C’est pourquoi nous ne poussons pas à l’intégration de restrictions directement dans le futur règlement. En revanche, la connaissance nouvelle doit pouvoir être utilisée pour concevoir les futurs aménagements de la façon la plus intelligente possible. En ce sens, des orientations opposables sont à l’étude pour limiter l’exposition et la vulnérabilité des enjeux. Elles seront complétées par des orientations et des règles relatives à la gestion des eaux pluviales, qui contribueront à réduire la fréquence et l’intensité des épisodes d’inondation par ruissellement. » 

L’enjeu est clair : éviter de construire et d’aménager, surtout des bâtiments sensibles, sur les axes de ruissellement et des zones de forte accumulation d’eau désormais identifiées. Des recommandations sont aussi en préparation concernant les matériaux de construction, et la distribution des pièces dans les bâtiments qui pourraient toutefois y être construits. Des actions d’information et de sensibilisation des principaux acteurs de l’aménagement seront menées en 2024, toujours dans le cadre du PAPI.  

Réduire les vulnérabilités des réseaux 

Le PAPI a également permis d’initier un accompagnement des gestionnaires des réseaux structurants : électricité, gaz, eau potable, télécommunications, routes, transports en commun…. L’action, novatrice à l’échelle régionale, a conduit à mettre à disposition de chaque acteur une analyse des équipements situés en zones inondables, pour les aider à mieux connaître la vulnérabilité de leurs infrastructures. « Les gestionnaires se sont rencontrés pour échanger sur les interdépendances entre leurs réseaux respectifs. Par exemple, la plupart des opérateurs sont dépendants du bon fonctionnement du réseau électrique. Enedis a donc mis à leur disposition une carte des zones susceptibles de rencontrer des coupures d’électricité en cas d’inondation » précise Audrey Nicolle, chargée de mission sur le PAPI, qui pilote l’accompagnement des gestionnaires. 

Poursuivre et renforcer la démarche de prévention et des actions 

La première phase du PAPI débutée en 2021 se terminera fin 2024, pour laisser place à un nouveau programme d’actions étalé sur 6 ans (2025-2031). Il sera élaboré en concertation avec les acteurs institutionnels. La participation du public sera sollicitée à partir de mars 2024, pour une durée minimale de 3 mois. « Cet important dispositif de participation souligne notre volonté de laisser la possibilité à chacun de contribuer à cette démarche de prévention, afin de l’adapter au plus près des besoins et des attentes des territoires. » conclut Nicole Miquel-Belaud. 

En savoir plus sur les risques liés aux inondations et sur le PAPI de l’agglomération toulousaine

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