Le SCoT est-il la bonne échelle pour sensibiliser aux enjeux de santé ?

Le SCoT est-il la bonne échelle pour sensibiliser aux enjeux de santé ?

Le SCoT est-il la bonne échelle pour sensibiliser aux enjeux de santé ?

L’AUAT a réuni les techniciens de l’interscot du grand bassin toulousain pour partager des retours d’expériences sur l’intégration d’enjeux de santé dans les schémas de cohérence territoriale (SCoT). Retour sur les grands messages partagés.

Comment repositionner l’habitant au cœur des documents de planification territoriale ? Cette question a été posée aux techniciens de l’interscot fin octobre, lors d’une sensibilisation sur l’urbanisme favorable à la santé.

Aller au-delà de l’offre de soins

Historiquement, les villes se sont construites pour répondre à des enjeux d’hygiène. Cependant, la santé des habitants est encore souvent perçue uniquement à travers les soins et l’absence de maladie. Depuis 1946, l’Organisation mondiale de la santé encourage une approche globale de la santé incluant des dimensions physique, mentale et sociale. Cette vision globale de la santé dépend de nombreux déterminants variés : accès aux transports, à la nature, à la culture, aux soins, mais aussi le confort thermique des logements. « Ces déterminants de santé renvoient à des choix d’urbanisme » souligne Geneviève Bretagne, responsable transition écologique de l’AUAT. « Ils peuvent aggraver ou minimiser les impacts négatifs ou les facteurs de risques. Ils peuvent aussi maximiser les éléments favorables à la santé des différentes catégories de population. »  

Une balade santé à Empalot

Fin octobre, l’AUAT a également organisé une balade dans le quartier d’Empalot à Toulouse. Objectif : montrer par l’exemple des déterminants de santé sur lesquels il est possible d’agir, via l’urbanisme, pour améliorer la santé de tous les habitants.

Enrichir les discussions et les projets de territoire

Souvent approchée de manière ciblée en termes d’équipements et d’offre de soins, la santé gagne ainsi à être abordée plus largement. Plusieurs outils facilitent cette approche. En amont ou en aval des projets d’urbanisme, la grille Urban ISS permet d’interroger 8 thématiques, telles que l’espace public, l’accès aux infrastructures ou les comportements individuels, déclinées en 22 questions sur les déterminants de la santé. Son utilisation est pertinente à l’échelle d’un aménagement comme à celle d’un SCoT. « Nous avons réuni les syndicats mixtes du grand bassin toulousain pour leur partager des retours d’expérience et les amener à échanger localement sur cette question » indique Théo Bésanger, chargé de l’animation de l’interscot.

En s’appuyant sur les stratégies régionales et territoriales, les projets de SCoT sont de belles opportunités d’amener les élus et services de collectivités à s’emparer du sujet. « Les exercices de diagnostic et les portraits de territoires permettent de prendre conscience des inégalités sociales de santé » rappelle Geneviève Bretagne. « C’est donc le bon moment pour les sensibiliser à la question de la santé et ajuster la stratégie, pour faciliter ensuite la prescription d’actions précises à l’échelle intercommunale. »

La santé peut aussi réactiver des discussions à l’arrêt. Qui oserait s’opposer à l’amélioration de la santé des habitants ?

La santé peut irriguer toutes les actions d’aménagement

Claire-Marie Rouchouse, chargée d’études de l’agence d’urbanisme de la région stéphanoise (Epures) a partagé le retour d’expériences de l’approche santé du SCoT Sud Loire. La réalisation d’un diagnostic santé a permis de choisir des déterminants adaptés aux enjeux des territoires concernés pour les 20 prochaines années.

Le projet d’aménagement stratégique énonce ainsi plusieurs objectifs en lien avec la santé. L’armature territoriale évoque par exemple l’enjeu de la proximité des habitants avec les infrastructures, pour orienter les projets là où les habitants pourront le plus bénéficier de solutions de transport. Le document d’orientations et d’objectif ne contient pas de chapitre propre à la santé, mais celle-ci est néanmoins citée en appui, ou pour expliquer des choix.

Damien Saulnier, responsable de l’atelier “ressources et durabilité des territoires” de l’agence d’urbanisme de l’aire métropolitaine lyonnaise (Urbalyon), a également contribué aux réflexions. Plusieurs exemples ont été partagés pour expliquer des choix réalisés dans un SCoT très rural (Bresse – Val-de-Saône) puis dans un autre plus urbain (SEPAL). 

Prochain rendez-vous pour l’interscot du grand bassin toulousain : un échange entre ses membres et un représentant de l’agence régionale de santé. « Elle est appelée à donner des avis sur les SCoT du territoire. Sa parole doit donc être considérée » conclut Théo Bésanger.

Vous souhaitez vous former à l’urbanisme favorable à la santé ? Inscrivez-vous au programme URBAN ISS PRO : des sessions sont prévues au premier semestre 2025.

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