Gaëtan Cognard : « Comprendre le vécu des habitants pour évaluer le contrat de ville » 
Agence d'urbanisme et d'aménagement Toulouse aire métropolitaine

Gaëtan Cognard : « Comprendre le vécu des habitants pour évaluer le contrat de ville » 

Gaëtan Cognard : « Comprendre le vécu des habitants pour évaluer le contrat de ville » 

Maire des quartiers Mirail-Université, Reynerie et Bellefontaine, conseiller métropolitain en charge de la politique de la ville, Gaëtan Cognard détaille les modalités d’évaluation du nouveau contrat de ville de Toulouse Métropole.  

Engagé dans le cadre d’une nouvelle géographie des quartiers prioritaires, le tout récent contrat de ville de Toulouse Métropole est désormais à l’œuvre. Celui-ci intègre un volet spécifique sur son évaluation également renouvelée et assurée, en continu, par l’AUAT.  

Le nouveau contrat de ville a été adopté fin mars par Toulouse Métropole, avec une approche renouvelée sur la méthode. Pouvez-vous expliquer cela ? 

Nous avons effectivement élargi le partenariat du contrat de ville. Dix acteurs comme Airbus, le Stade Toulousain, ou encore l’Orchestre national de Toulouse ont pris des engagements précis dans ce cadre. L’interconseils citoyens fait aussi partie des signataires et c’est une fierté pour moi. Tous rejoignent les acteurs historiques que sont les bailleurs sociaux et la Caf par exemple. L’objectif est clair : renforcer les capacités des habitants et valoriser les talents des quartiers prioritaires.  

Comment cette politique publique est-elle suivie et évaluée ?  

Il y a évidemment un suivi d’indicateurs chiffrés, mais cela ne suffit pas. Prenez par exemple le taux de chômage. S’il est inchangé en 4 ans, on peut se dire que l’argent investi n’a servi à rien. C’est pourtant une autre réalité qui se dessine si l’on s’intéresse au parcours des habitants. Dans les faits, des habitants nouveaux y arrivent et d’autres en partent. Les départs sont notamment liés au fait que l’accès à la propriété y est limité. Plus de 80% des logements de 12 quartiers ont aujourd’hui une vocation sociale. Pour bien comprendre cela, nous allons suivre des parcours d’habitants. Nous allons procéder par échantillons. Une partie de la jeunesse toulousaine sera suivie : les personnes sans emploi ne poursuivant pas d’études et ne suivant pas de formation (les NEET – Not in Education, Employment or Training). Nous analyserons leur parcours depuis l’entrée à la Mission locale. Des seniors seront aussi suivis, pendant trois ans. L’enjeu est de donner plus de sens encore au contrat de ville.  

Nous nous intéresserons aux trajectoires professionnelles des habitants des quartiers et aux parcours scolaires. 

Gaëtan Cognard

Concrètement, comment allez-vous suivre ces parcours résidentiels ? 

Au cours du contrat de ville, nous allons solliciter à deux reprises des habitants aux profils variés et installés dans les quartiers prioritaires depuis des périodes plus ou moins longues. Nous les interrogerons sur les raisons qui les ont amenés à vivre dans ces quartiers et sur leurs projets et souhaits dans le futur. Ces démarches qualitatives aideront à comprendre par exemple pourquoi des habitants y restent, ou pourquoi ils placent ou non leurs enfants dans les écoles du quartier, pour aller au-delà des idées reçues. Nous irons plus loin que l’étude des parcours résidentiels puisque nous nous intéresserons aux trajectoires professionnelles des habitants des quartiers et aux parcours scolaires. 

Il y a aussi un suivi des actions à proprement parlé : quelles sont celles que vous suivrez avec une attention particulière ?  

316 actions ont été définies lors de 25 ateliers organisés avec des habitants des quartiers prioritaires. Pour chacune, des indicateurs de réalisation et de résultat sont définis. Certaines des actions sont d’envergure métropolitaine (plus de 200), d’autres sont spécifiques à des quartiers. Pour en citer quelque unes, je pense à la création d’une régie de quartier pour les 3 cocus, ou au réseau d’ateliers environnementaux à Bagatelle. Pour le Val d’Aran, une action vise à faire connaître l’offre de services en allant vers les habitants, ou encore fédérer les jeunes pour accompagner leurs actions. Ce sont là des exemples d’actions permettant de créer du lien avec des habitants qui n’ont pas forcément les codes, l’envie ou la connaissance des services qui leurs sont proposés.  

La politique de la ville passe aussi par du renouvellement urbain, qui est un sujet sensible 

Le nouveau contrat de ville aidera à donner envie de venir dans les quartiers prioritaires afin d’y travailler, ou pour y vivre. Pas à pas s’y construit l’avenir du fait métropolitain. C’est là que l’on a les compositions urbaines les plus larges. On peut y expérimenter des choses, réutiliser du foncier et montrer les bénéfices du renouvellement urbain. Pour y parvenir, il faut aussi réussir le parcours de relogement. Il est évident qu’il peut être compliqué de quitter un quartier prioritaire que l’on habite parfois depuis parfois 30 ans, pour ensuite rejoindre un autre quartier, non prioritaire. Pour réussir le brassage social, il nous faut bien l’accompagner et c’est pourquoi j’ai demandé aux bailleurs sociaux de réaliser des enquêtes qualitatives, pour savoir ce qui pourrait pêcher dans le parcours. L’objectif est d’augmenter la satisfaction des familles relogées, pour aller plus loin que les résultats observés en 2022.  

L’AUAT accompagne depuis 2018 le programme de renouvellement urbain du Mirail-Université. De nouveaux espaces publics et équipements voient désormais le jour. Quelle vision avez-vous de ce projet ?  

L’entrée sud du quartier change de visage effectivement avec de nouveaux espaces pour les enfants en continuité du bois. On a désimperméabilisé 6000 m². Un programme de 70 logements, essentiellement en accession à la propriété est en cours, avec des propositions qualitatives. Nous espérons qu’ils vont séduire des habitants proches ou d’autres quartiers. Ce sera je l’espère une preuve de plus que les quartiers prioritaires ne sont ni des sas, ni des nasses.  

Crédit photo : JHocine

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