Le comité stratégique partenarial de l’AUAT a contribué au projet de prospective notreDemain. Objectif : consolider des hypothèses de développement du territoire de l’aire métropolitaine toulousaine à 2070.
« Sortir du temps court, pour se projeter vers l’avenir ». C’est ainsi que Thomas Fromentin a résumé l’exercice, en ouverture de la rencontre. L’élu de l’agglomération de Foix-Varilhes, par ailleurs administrateur de l’agence et élu référent en prospective, a pris part à un exercice collectif faisant la part belle à l’imaginaire. Une cinquantaine d’autres représentants de territoires, de structures publiques, d’universités et d’entreprises se sont aussi impliqués*.
Invités à dépasser l’échéance du ZAN (2050) et le cadre des documents d’urbanisme, tous les participants ont affiné des hypothèses d’évolution de facteurs qui conditionnent, selon les premières avancées du projet piloté par l’AUAT, l’évolution du fonctionnement de notre territoire, avec toutes ses interdépendances.
Imaginer notreDemain et les leviers à actionner
Aux côtés de territoires pour les projets urbains et leurs documents d’urbanisme, l’agence anime aussi des projets de prospective territoriale. Celui intitulé notreDemain vise à imaginer le territoire de plus de 2 millions d’habitants de l’aire métropolitaine de Toulouse, en 2070. Ayant déjà associé des collégiens, lycéens, étudiants et différents experts, la démarche débouchera sur des propositions de scénarios, à disposition des acteurs publics dès l’été 2025.
Agnès Domingo, chargée de projet notreDemain à l’AUAT
Des hypothèses plus ou moins crédibles et plus ou moins souhaitables
Lors d’une animation innovante, les participants ont ainsi passé au cribles 30 hypothèses. Par équipages, des représentants de territoires différents devaient se projeter en 2070 pour juger si les hypothèses proposées étaient crédibles et complètes. Environnement, social, économie, législatif, politique et technologies… Tous ont partagé leurs perceptions sur des enjeux communs, en confrontant leurs avis selon leurs sensibilités et les priorités qui sont les leurs. Pour quels résultats ?
Consensus sur le développement des infrastructures de transports
Certaines hypothèses ont plutôt fait consensus. C’est le cas par exemple de celle évoquant un développement des infrastructures de transports, corrélé à un saut technologique, mais minoré par un usage de la voiture individuelle toujours prépondérant. Cette hypothèse a ainsi semblé à la fois crédible et souhaitable pour une grande majorité de participants. Même constat concernant le poids de l’Union européenne dans le déploiement de politiques locales.
D’autres hypothèses ont créé le débat. Ce fut le cas notamment d’une possibilité de “guerre de l’or bleu”, dans un contexte de raréfaction de la ressource en eau. Conjuguée à la disparition de petites exploitations agricoles, elle serait accompagnée d’un nomadisme des populations, conditionné par l’accès à l’eau, qui leur serait rationné… Cette hypothèse est parue excessive pour une majorité des participants, mais aussi crédible par d’autres, bien que non souhaitable.
Des débats nourris sur la fiscalité ont aussi marqué les séances de travail. L’hypothèse d’une fiscalité à la carte pour les territoires, conçue comme un levier de gouvernance, a semblé peu crédible ni souhaitable par certains, car source d’instabilité. D’autres participants ont quant à eux trouvé l’idée plausible et à préciser.
Débats sur le rapport à la maison individuelle et le temps politique en 2070
Les enjeux sociaux et politique ont suscité des controverses. L’hypothèse d’un abandon progressif de la construction de maisons individuelles a animé un débat nourri. Pour certains, cette hypothèse serait conditionnée par de nouvelles approches de l’habitat et de l’espace public, à inventer, garantissant pour les habitants des possibilités d’individualisation. Pour d’autres, il s’agit de réenchanter le fait d’habiter dans des logements collectifs.
Autre hypothèse source de discussions : le ralentissement du temps politique. Souhaitable par certains pour donner plus de temps à la co-construction des projets de territoire, elle apparaît peu crédible par d’autres au regard de l’accélération des crises…
Au terme d’une matinée riche en débats, les participants ont exprimé leur satisfaction de partager autant de diversités de points de vue. « Cela redonne du souffle et l’envie de s’engager » ont dit certains. Toutes les contributions vont alimenter le projet notreDemain.
Prochaines étapes pour ce projet de prospective : associer des lycéens de Foix au projet d’ici fin 2024 et, dans le courant de l’hiver 2025, mettre en récit 4 scénarios prospectifs contrastés, répondant aux 4 enjeux majeurs communs aux territoires de l’aire métropolitaine de Toulouse. Au printemps 2025, une nouvelle rencontre sera organisée pour partager ces scénarios et débattre de leurs conditions de réussite.
* Liste des structures représentées le 5 novembre 2024 : DREAL Occitanie, DDT31, conseil départemental de la Haute-Garonne, PETR Pays Sud Toulousain, SCoT de l’agglomération de Montauban, SMEAT, SCoT Grand Albigeois, SCoT de la Vallée de l’Ariège, communauté de communes Grand Ouest Toulousain, communauté d’agglomération Grand Albigeois, Toulouse Métropole, communauté d’agglomération Grand Auch Cœur de Gascogne, communauté de communes Frontonnais, communauté d’agglomération Foix-Varilhes, communauté d’agglomération du Sicoval, communauté d’agglomération Gaillac-Graulhet, communauté d’agglomération Tarbes Lourdes Pyrénées, Carcassonne Agglo, commune d’Aussonne, commune de Toulouse, commune de Cornebarrieu, commune de Balma, commune de Blagnac, commune de Saint-Orens de Gameville, commune de Launaguet, commune de Villeneuve-Tolosane, Tisséo collectivités, Compagnie du projet urbain, CODEV Toulouse Métropole, Université de Toulouse Jean Jaurès, Université fédérale de Toulouse, SMEAG, Toulouse Team, EPFL, OTIE, INSEE…