L’observatoire de la mobilité de l’AUAT a réuni ses membres autour des nombreuses questions posées par la crise sanitaire. Au menu : la politique de mobilité de l’agglomération toulousaine, le changement des usages, le rapport à l’espace public, les temporalités et les impacts du télétravail.
Et si notre société hypermobile était en train de muter ? L’essor du télétravail, la demande de transports publics, le développement des modes actifs, le renouveau de la proximité ou encore la recomposition de l’espace public sont autant d’éléments qui questionnent la pérennité des évolutions accentuées par cette crise sanitaire.
Les replays des interventions du 19 octobre 2021
La reprise des transports en commun reste inégale
La crise Covid-19 a occasionné une redistribution radicale des déplacements et des échanges économiques. Si un retour à la normale semble se dessiner, le trafic routier a repris plus vite que celui des transports en commun. La congestion tend à revenir depuis septembre 2021 et la question est donc de savoir comment appréhender ces tendances, avec en miroir les changements de modes de vie.
Bastien Fochesato et Isabelle Malabirade,
chargés de projets au sein du pôle mobilité de l’AUAT
Le pire serait d’être dans l’attentisme
A l’été 2021, on disait que le télétravail allait s’imposer et qu’il faudrait attendre 2023 pour retrouver la normale. Les tendances indiquent pourtant que la mobilité revient plus vite que prévu et cela nous encourage à poursuivre notre diversification de l’offre. La pandémie a révélé les envies de mobilité et cela nous conduit à considérer l’ensemble des modes de transport, dans leur complémentarité.
Jean-Michel Lattes, Président de Tisséo Collectivités,
élu-référent de l’observatoire
Nous espérons retrouver dès décembre le trafic de 2019
Le sentiment de sécurité sanitaire s’est dégradé et nos études auprès des abonnés indiquent un sentiment de forte charge à bord des transports alors que nos indicateurs ne le confirment pas. Nous avons engagé des actions pour adapter notre offre, accompagner les voyageurs, développer la vente à distance et reconquérir ceux qui ont abandonné, pour l’instant, les transports en commun.
Agathe Fauvel, Responsable marketing de Tisséo Voyageurs
On doit changer les imaginaires liés au transport
Cette crise a, pour la première fois, ringardisé la ville, la mobilité et l’accélération des rythmes de vie. Il y a eu un appel à la relocalisation, à la proximité et c’est nouveau. On prend plaisir à dire qu’on reste chez soi, qu’on déménage pour se rapprocher du travail, alors qu’avant on se gargarisait plus de ses déplacements lointains ou ponctuels. Les opérateurs de mobilité peuvent accompagner ce changement culturel.
Luc Gwiazdzinski, docteur et HDR en géographie,
professeur à l’Ecole nationale supérieure d’architecture (ENSA), membre du laboratoire LRA
Les tiers lieux de travail s’adressent aux télétravailleurs avertis
La crise a été un vrai accélérateur pour le télétravail, même si on revient progressivement aux pratiques d’avant crise. Les tiers lieux de travail se sont développés dans quasi tous les territoires. Un point de vigilance : ces projets réussissent davantage si on évalue la demande en amont et en positionnant les tiers lieux dans un rayon de moins de 15 minutes du domicile.
Pascal Rassat, Consultant spécialisé télétravail et tiers lieux, gérant de CITICA
La ville fonctionnelle est challengée par la ville relationnelle
Les contraintes sanitaires, installées dans le temps, ont mis en lumière que la ville fonctionnelle que l’on connait ne nous offre que peu d’espaces pour nos interactions, que ce soit entre collègues, en famille ou entre amis. La ville relationnelle, qui peut avoir des visages différents, permettrait d’aménager du confort interactionnel.
Sonia Lavadinho, directrice-fondatrice de Bfluid recherche prospective & expertise en mobilité et développement territorial
Quasiment tous les aménagements transitoires pour les vélos et la marche ont été pérennisés
Nous avons créé les coronapistes en mode projet accéléré : en 1 mois, nous avons identifié les axes les plus prisés par les cyclistes, pris des arrêtés de circulation, installé des balises, mis des marquages en jaune et installé des panneaux pour expliquer ces changements, souvent liés aux nouveautés du code de la route. Des actions ont aussi été engagées pour favoriser les piétons et la marche.
Arnaud Turlan, responsable du service modes doux – direction Mobilités Gestion Réseaux de Toulouse Métropole