Philippe Guyot, maire de Plaisance du Touch et président de la communauté de communes du Grand Ouest Toulousain, partage sa vision des enjeux fonciers revisités par le ZAN. Interview.
Comment intégrer toutes les nouveautés du ZAN ? Cette question, partagée par tous les territoires, est au cœur d’une série de rencontres organisée avec les élus et techniciens du Grand Ouest Toulousain. Les changements impulsés par plusieurs lois et décrets ont été examinés et discutés. Objectif : bien partager le cadre dans lequel doivent s’inscrire les documents d’urbanisme et, plus généralement, les projets d’aménagement. Retour sur l’accompagnement en matière de foncier réalisé auprès de la communauté de communes présidée par Philippe Guyot, maire de Plaisance du Touch.
Comment appréhendez-vous le contexte réglementaire du ZAN et notamment la loi du 20 juillet 2023 ?
La loi ZAN ne change pas grand-chose sur le fond pour le Grand Ouest Toulousain. Nous ne sommes pas concernés par la garantie communale. Nous n’avons pas non plus de projets d’envergure nationale ou européenne. Ce qui nous interpelle, ce sont les questions de calendrier et l’emboîtement des échelles, entre le Sraddet et le SCoT. Nous avons lancé notre projet de PLUi en juillet 2023. Nous espérons donc que le Sraddet soit arrêté de manière à pouvoir travailler sereinement à l’échelle de notre petite communauté de 8 communes.
Comment abordez vous le changement de modèle impulsé par le ZAN ?
Nous l’avons intégré et cela ne date pas de la loi Climat et résilience. La volonté de changer de modèle d’aménagement est déjà là, que ce soit pour de l’habitat, de l’économie ou des services. L’enjeu est pour nous de savoir comment densifier dans les zones urbaines. C’est aussi un enjeu dans les zones économiques, selon notre schéma de développement. Les communes les plus peuplées étant assez étendues, nous pouvons accueillir de nouveaux habitants sans consommer d’espaces naturels et agricoles, ni dégrader la qualité de vie. Nous avons même l’ambition de l’améliorer au fur et à mesure des projets.
Quels exemples d’aménagement pourraient illustrer ce changement de modèle dans le Grand Ouest Toulousain ?
Les anciens silos à grain à la sortie de Lévignac sont un exemple de friche en reconversion. Nous allons y construire une vingtaine de logements. Au sud de Plaisance-du-Touch, un écoquartier verra aussi le jour à la place des 10 hectares du site industriel de Bonna Sabla. Près de 460 logements sont prévus, un complexe éducatif, des locaux pour le médical, des tiers lieux… La moitié du terrain sera renaturée.
Le ZAN appelle à lutter contre la vacance des logements, mais aussi à construire la ville sur elle-même, pour densifier les tissus urbains. Quelle approche avez-vous de cet enjeu ?
Nous ne sommes pas très concernés par la vacance, hormis à Lévignac. Nous allons nous mobiliser pour y augmenter le nombre d’habitants dans le centre. A propos de la densification, nous sommes en attente d’exemples de nouveaux modèles d’habitation. Les lotissements individuels ne peuvent plus être produits comme avant dans les communes urbaines. Il faut proposer de nouveaux projets intégrant des plus-values en matière de services, de mobilités, d’espaces verts. C’est une nécessité pour susciter l’adhésion et l’acceptation par les habitants présents. A nous d’orienter les réflexions des promoteurs.
Vous avez également participé à l’animation Play-ZAN, qu’en retenez-vous ?
On regrette que toutes les communes n’aient pu participer à Play-ZAN. L’animation nous a permis de toucher du doigt toutes les problématiques qui nous attendent pour élaborer notre PLUi. Nous réunir autour d’un territoire fictif nous a aussi permis d’être plus libres dans notre réflexion et dans la compréhension des différents aspects réglementaires. Cet exercice a été apprécié par les élus et techniciens qui vont conduire le projet et faire des propositions pour répondre à la commande politique.
Crédit photo : Patrice Massacret