Aller à la rencontre des élus de 59 communes en 8 jours : voilà le pari réussi par la communauté d’agglomération de Gaillac-Graulhet début 2022. Retour sur cette étape clé de diagnostic de territoire, engagée par le service urbanisme et sa responsable, Cécile Danesin.
Partir du terrain pour réussir un projet d’envergure. Voilà le parti-pris de la communauté d’agglomération de Gaillac-Graulhet en ce début d’année 2022.
Deux projets phares d’urbanisme en dépendent : la révision du Schéma de cohérence territoriale (SCoT) et la réalisation d’un premier PLU intercommunal. L’objectif assigné à ces deux documents est essentiel : définir les grandes orientations d’un territoire de 59 communes, des objectifs et des règles générales d’utilisation du sol.
Cécile Danesin, comment avez-vous abordé ce projet de diagnostic ?
Parcourir autant de terrain peut être une épreuve, mais c’est une mise en route nécessaire pour appréhender tout le territoire. A défaut, les élus des communes ne comprendraient pas le projet à l’échelle intercommunale. Nous avons donc entamé ce diagnostic en organisant avec l’AUAT une tournée des communes en bus, étalée sur 8 journées bien denses.
Quel était l’objectif de chaque journée de diagnostic ?
Ecouter et comprendre. Les orientations de l’intercommunalité ne peuvent être pertinentes si elles émanent d’une démarche débutant par des réunions d’informations où les élus sont assommés de chiffres. Nous avons au contraire choisi d’aller à leur rencontre pour saisir la réalité du terrain, collectivement. Les élus de secteurs étaient réunis lors d’une journée. Tous ont ainsi pu découvrir les communes voisines, leurs projets réalisés, ceux à venir et les obstacles éventuels.
Cela a suscité des échanges entre élus dans un cadre inhabituel. C’est positif pour créer un élan collectif, car nous allons travailler à leurs côtés pendant des années.
Cécile Danesin, responsable du service urbanisme de la Communauté d’agglomération de Gaillac-Graulhet
Dans quel état d’esprit étaient les élus qui ont pris part au diagnostic du territoire ?
Cet exercice les a fait sortir du cadre. Chacun y présentait sa commune, dans son contexte de relations intercommunales, sans pour autant se comparer à la commune d’à côté. Cela a suscité des échanges dans un cadre inhabituel, ce qui est positif pour créer un élan collectif car nous allons travailler à leurs côtés pendant des années. J’ajoute que la présence sur le terrain de l’agence d’urbanisme a effacé les réticences qui pouvaient exister à l’égard d’un partenaire non “local”. L’expertise urbaine de l’AUAT nous est très utile, même si les enjeux ne sont pas les mêmes que dans l’agglomération toulousaine.
Comment allez-vous exploiter toute la matière qui a émergé du diagnostic en roulant ?
Nous avons d’abord restitué à chaque commune ce qui a été retenu la concernant. Notre rôle, en tant qu’intercommunalité, est ensuite de faire émerger les enjeux transversaux. Ces éléments ont été discutés en séminaire des élus le 21 avril dernier. Les documents d’urbanisme visent l’intérêt général, qui n’est pas l’addition d’intérêts particuliers. Cet esprit a je pense été bien compris par la centaine d’élus qui a participé au diagnostic. A nous maintenant de poursuivre dans cette dynamique car les enjeux liés au foncier imposés par la loi Climat et Résilience demandent de changer de modèle d’aménagement.
Quelle est l’étape suivante pour le projet de PLUi ?
Nous avons débuté une série de rencontres communales. Une à une, nous rencontrons les communes. Les élus et leurs équipes sont réunis autour de cartographies indiquant la consommation d’espaces naturels, agricoles et forestiers des 10 dernières années, ainsi que les disponibilités foncières au sein des espaces urbanisés. Cette étape nous permet de compléter notre connaissance du territoire. C’est aussi le cas pour les élus qui ressortent souvent de l’exercice en ayant compris que l’urbanisme de demain sera différent de celui connu jusqu’à présent. Ils prennent souvent conscience de possibilités de bâtir sans artificialiser d’espaces agro-naturels, grâce à la finesse de l’analyse proposée. C’est un travail de fourmi, mais il est indispensable pour que chaque élu prenne conscience de l’objectif du Zéro artificialisation nette.
Quels sont les grands jalons du projet d’ici la fin de l’année 2022 ?
Les permanences se dérouleront jusqu’à la mi-septembre puis nous partagerons le diagnostic réalisé lors d’une conférence avec tous les élus. Démarrera la définition du projet politique lors duquel nous formaliserons les orientations en séminaire des élus. Nous nous appuierons sur l’armature territoriale, identifiée par les bassins de vie organisés autour de différentes polarités. Les objectifs d’accueil de population et d’emploi seront alors déclinés et travaillés sur le volet foncier.